Land Art et Art Urbain

Horizon 2024

En faire une montagne ! — Juliette Miséréré

Au pied de ce monticule de maisons de poupée, un rougeoiement est visible la nuit, comme un départ de feu. Le gargantuesque de cette montagne invoque l’image du géant du massif.

Cette installation est un écho avec l’actualité de notre monde. Des milliers de gens abandonnent ou perdent leurs foyers à cause des conflits ou des catastrophes climatiques. La maison de poupée est une image d’un habitat idéal, voire un archétype, qui laisse une empreinte dans la mémoire des adultes, un engramme.
Par leur esthétique, choisie pour leur portée symbolique dans la mémoire collective, ces maisons nous inspirent les moments doux de notre enfance. Leurs mises en situation dans cette installation symbolisent au contraire la perte des repères, de sécurité et d’insouciance.

Green washing — Muro Atelier

Lave-auto perdu au milieu d’une forêt de hêtres, « Green Washing » est une installation artistique conçue à partir de matériaux réemployés, qui raisonne par l’absurde. Composée essentiellement de grillages assemblés à des roues de vélos, sur lesquels sont attachés des tissus réutilisés, cette proposition contraste vivement avec son environnement par sa forme et ses couleurs. Avec ses deux mètres de hauteur et son emprise de dix mètres carrés, elle invite à l’interaction des utilisateurs qui peuvent animer la hêtraie par ses rotations qui font danser les tissus colorés entre les arbres.

Le nom « Green Washing » pointe, non sans une certaine ironie, cette volonté contemporaine de se « nettoyer par la nature », souvent hypocrite et trop utilisée à des fins commerciales. L’idée est ici de changer la perception de cette pseudo-idéologie écologique tout en créant un objet aux qualités spatiales et graphiques qui s’insère dans le paysage. Alors que sa forme tend à rappeler un peu celle des arbres qui l’entourent, cette installation invite à une réflexion sur la coexistence complexe entre le naturel et l’artificiel dans notre monde moderne, et incite, par son improbabilité, à réévaluer nos comportements humains face à la nature.

L’impression et l’empreinte — Odysseas Yiannikouris

Comme un conte, cette œuvre est une médiation entre nos sens et notre environnement.

La magie d’une forêt c’est inexplicable vraiment, donc on parle de trois fées, ou d’un loup ou de la rhizosphère. Cette oeuvre veut rendre palpable et tangible la lumière des sous-bois auvergnats : la mettre sous le nez du visiteur, et qu’il la touche… En utilisant le principe de la camera obscura, l’installation produit un tableau peint avec la lumière recueillie dans le paysage. Ce tableau évolue constamment, au grès du mouvement des ombres et du ciel. C’est un geste impressionniste qui donne à voir, plus que l’image, la matière lumineuse et sensationnelle qui la compose.

Cette abstraction, cette image qui se recomposera sur les tableaux de l’installation, veut être une pédagogie du regard désinhibé : celui qui prend le temps ; celui qui s’attarde sur les variations du climat, des ombres, des plantes, et de l’humidité ; celui qui s’émerveille de l’apparition de légères variations ; celui qui, devant un moment commun et quotidien, se met à voir un peu différemment.

Drosera — Lika Guillemot

Drosera je te bois, ne me mange pas !
En ces temps de déplacements des vivants, la drosera quitte les tourbières du Sancy pour s’installer sur le suc de Teirilloux. L’installation Drosera s’inspire de l’herbe insectivore homonyme qui signifie « couvert de rosée ». Mais au lieu de capturer les insectes pour les ingérer grâce à son mucilage collant, il s’agit ici de produire des réserves d’eau précieuse et d’abreuver les différentes espèces en présence. Habituellement d’une taille de 10 à 20 cm, Drosera est ici agrandie et apparaît telle une hutte, une ruche ou un abri pour les vivants. Ses couleurs s’inspirent de la Drosera rotundifolia (espèce protégée), aux couleurs vives et brillantes. Drosera propose un refuge pour les espèces en présence et invite au regard, au toucher et à expérimenter l’espace (ombre, eau, poésie).

Blossom Gateway — Shilpa Joglekar

Une « porte » transcende son sens littéral d’entrée ou de sortie. Elle signifie une transition, un voyage symbolique entre des états ou des lieux, portant des significations profondes au-delà de son aspect physique.

Blossom Gateway est créée à l’aide de branches tressées de manière complexe, formant une voûte semblable à de la dentelle, ornée de bourgeons de grande taille. Les branches entrelacées symbolisent l’unité, la croissance et l’interconnexion, tandis que les fleurs qui s’épanouissent représentent les moments fugaces mais magnifiques de la vie.

Blossom Gateway vise à susciter un sentiment d’émerveillement en incitant à contempler l’équilibre délicat entre l’intervention humaine et la résilience de la nature.

La jeune femme et la mer — Charles Herrou

S’avançant sur l’eau, LA JEUNE FEMME ET LA MER est une représentation suspendue d’un buron auvergnat qui dévoile une légende du Massif du Sancy : « le saut de la pucelle ». Cette légende raconte l’histoire d’une jeune bergère qui, pour échapper à un seigneur insistant, sauta de la falaise dominant le lac. Elle fut miraculeusement sauvée, mais sa tentative de réitérer l’exploit pour convaincre les villageois sceptiques lui fut fatale.

La morale de cette histoire enseigne que « l’amour de la vertu l’a préservée, l’orgueil la perdra ».

LA JEUNE FEMME ET LA MER invite à réfléchir sur la morale de la légende, qui omet de condamner les agissements du seigneur. Le buron devient alors une réécriture de l’histoire, où les visiteurs découvrent la demeure de la bergère, préservée d’un destin tragique.

Éclosion Tellurique — Djulia Fernandez

Le puy de Sancy est un lieu plein d’histoires. Des millénaires auparavant, des violences ont donné naissance à l’environnement que l’on connait aujourd’hui. Au cœur de ce projet réside une mise en lumière symbolique de ces tumultes. La forme en spirale, inspirée de la structure atomique de la silice présente dans les roches volcaniques, devient le fil conducteur, exposant la complexité des phénomènes de formation des volcans.

Éclosion Tellurique est une expérience immersive sous la forme d’un parcours qui invite les visiteurs à pénétrer un univers symbole du passé. La texture du matériau utilisé, la pouzzolane, et la lumière, deviennent les vecteurs d’une immersion totale, plongeant les participants dans un monde parallèle, le point de départ de tout ce qui nous entoure aujourd’hui. Cet espace dépeint la dévastation environnementale causée par les éruptions, contrastant avec la vie prolifique actuelle du Sancy.

Écrin torique — Alexia DeFluff et Clément Doyen

Une forme géométrique simple et ronde, réconfortante et intrigante. Elle nous suggère à la fois un nid gigantesque ou encore une bouée de sauvetage...

Entièrement composée de fines branches tressées entre elles, on pense tout de suite à la vannerie et au tressage en osier, mais l’échelle de l’objet interpelle. Entourant le tronc complètement, il nous empêche tout accès à celui-ci, telle la matérialisation d’une aura protectrice et bienfaisante. En s’approchant, on réalise qu’une ouverture nous permet de rentrer à l’intérieur et de circuler tout autour de l’arbre. On est alors surpris de constater que l’ambiance y est tout autre. On se sent enveloppé, en sécurité. Si on y croise quelqu’un, la rencontre prendra une tournure différente et plus intime qu’à l’extérieur.

Cet écrin torique est une fiction, la géométrie fictive d’un objet absurde qui servirait à protéger les arbres, telle une bouée de sauvetage permettant de venir en aide à cette nature déclinante et décimée.

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