La cabane aux miroirs — Antoine Janot
Dans cette vallée traversée par les pâturages, « La cabane aux miroirs » est le reflet d’une époque, un hommage aux éleveurs et aux bâtisseurs du buron de Venzoux situé à quelques mètres de là. Utilisés par les éleveurs ou par les randonneurs pour y trouver refuge, ces édifices massifs de pierre et de lauze protégeaient ceux qui s’y abritaient. Foyers éphémères, ils accueillaient des fragments de vie comme autant de fragments de miroirs.
Si la tradition pastorale a aujourd’hui disparu, le buron de Venzoux n’en demeure pas moins la mémoire fragile d’une histoire qu’il faut protéger. Afin d’incarner ce patrimoine montagnard en danger, « La cabane aux miroirs » évoque un héritage architectural du Massif du Sancy qui fait corps avec le paysage qui le façonne. Entièrement recouvert de mosaïque de miroirs, l’édifice reflète en effet la nature alentour, en hommage aux burons qui faisaient partie intégrante d’une époque où l’homme vivait en harmonie avec la nature, une coexistence aujourd’hui menacée.
Ballet d’araignées d’eau — Didier Ferment et Bruno Tondelier
Dans ce vaste paysage du Sancy, les artistes proposent un focus sur la vie minuscule de ses étangs : celle des araignées d’eau. Toutes petites, elles participent à l’équilibre écologique en micro-mélangeant les couches superficielles de l’étang. Fascinantes à regarder, elles glissent à la surface de l’eau, patinent sans effort et dansent sans cesse en improvisant.
Dans un changement d’échelle, cette œuvre propose au public d’imaginer un ballet de ces « patineuses d’eau » : des structures auto-tendues de bambous, de cordes et de voiles flottent sur la piste d’un étang.
Chaque structure est mise en mouvement par le vent, tourne autour de son ancre, balance dans les rafales, danse à la surface de l’eau. L’ensemble se donne en spectacle.
Le vent, l’eau et le soleil donnent vie au ballet et invite le public à la rêverie.
Ruine — Riccardo Buonafede
« Ruine » est une représentation de « Mère Nature », selon l’artiste. Elle s’inspire de monumentales statues indonésiennes, parfois recouvertes de racines et de feuillages qui rendent hommage aux dieux et divinités. Comme de vieux bâtiments abandonnés par l’homme, la nature veut reprendre possession de ses espaces. L’artiste a souhaité dédicacer cette œuvre à la nature car il la considère comme une ressource indispensable à l’espèce humaine. L’installation à proximité d’une cascade fait sens. C’est l’endroit idéal pour que la représentation de « Mère Nature » émerge entre l’eau et les rochers.
Aujourd’hui, on parle beaucoup de vert et d’éco-durabilité, le choix d’utiliser des matériaux plastiques pour un hommage à « Mère Nature » est une provocation, un choix délibéré pour souligner la dégradation de l’environnement par l’homme.
Zeitgeist #4 — Virgile Abela
« ZEITGEIST#4 » est une installation sonore composée d’un orgue de harpes éoliennes hautes de 4 mètres. Cet ensemble capte les vibrations de l’air et les transforment en une musique holistique. Leurs présences érigées sur « un toit du monde » s’invitent dans le paysage comme des monolithes vibratoires, proposant au public une écoute rituelle et contemplative de la musique du vent, façonnée par la topographie du paysage.
ZEITGEIST est le nom donné à une recherche étendue (artistique, scientifique et politique) sur l’art sonore éolien initiée en 2020, de laquelle naissent des installations, des films, des performances et des innovations organologiques dans les domaines du land art, de l’art urbain, de la lutherie et de la création sonore ou numérique. Chacune de ses propositions se distingue numériquement par un #_, sous des formes transdisciplinaires uniques, sérielles ou déclinées. Elles cherchent toutes à saisir les vibrations du paysage pour les transfigurer en matière visuelle et sonore, à l’écoute de l’air du temps.
Vents d’Auvergne — Charlotte Goffette et Lucie Sahuquet
« Vents d’Auvergne » est un projet artistique et pédagogique sur le vent spécifique au Massif de Sancy.
Il est composé d’une plateforme-assise centrale qui redessine les points cardinaux pour se repérer et repérer les différents vents par leur orientation.
Sur cette plateforme, chaque vent est nommé́ avec des informations brèves. Le but est de pouvoir ressentir le vent présent à l’instant et de comprendre d’où̀ il vient. Afin de percevoir la diversité́ et les ressemblances de certains vents, autour de la plateforme, sont placés des drapeaux visuels.
Eye — Tereza Hola
Autrefois les pasteurs nomades emportaient avec eux ce qu’on appelait les « nombrils du monde » pour être connectés à la terre et à l’univers. Ils construisaient leurs habitations autour de ces objets. Ils n’étaient jamais perdus ou désorientés car ils sentaient leur centre.
Le projet « Eye » s’inspire de ces anciennes traditions. La forme et le design sont basés sur la yourte, une maison circulaire transportable typique des pasteurs. Cependant, la surface est faite de bouteilles en plastique coloré. L’effet obtenu ressemble à l’iris d’un œil avec un dôme en verre au milieu.
De nos jours, nous sommes désorientés par la surcharge d’informations et de perceptions, achetant et consommant sans réfléchir. Il est temps de revenir à notre centre. Allez, allongez-vous et regardez les étoiles.
Connectez-vous avec la terre et l’univers.
Anadrome — Camille Mansir
« Anadrome », c’est une nage aérienne, une traversée aquatique au cœur de la forêt, une immersion en mer végétale. Ce banc de poissons, fait de bambous tressés, est suspendu dans une hêtraie en bord de Dordogne.
Cette installation est collaborative et évolutive. Elle a trouvé naissance en Gironde où un public a été invité à réaliser ces sculptures grands formats. Voyant au gré des ateliers participatifs le nombre de spécimens croître, elle entame sa migration vers le Sancy.
Cette œuvre est une invitation à la rêverie qui cherche autant à surprendre qu’à mettre en exergue un enjeu écologique : la diminution du vivier de poissons migrateurs dans nos cours d’eau du fait des conditions environnementales dégradées et des obstacles trop nombreux.
Mémoire — Sylvie de Meurville
« Mémoire » telle une apparition, ange liquide ou naïade à fleur de cascade, nous rappelle qu’il n’y a aucune différence ni limite entre la nature et nous, nous sommes eau.
L’eau rentre pour environ 60% dans la composition du corps humain, et pour 80% dans celle des végétaux, c’est un des constituants principaux de la vie. En tombant des nuages pour s’infiltrer dans la roche et en ressortir sous forme de source, elle fait le lien entre le ciel et la terre. Elle a initié de nombreuses légendes et joue un rôle primordial dans la plupart des traditions. La mythologie grecque évoque deux sources, Mnémosyne et Léthé, la mémoire et l’oubli. La seconde a donné son nom à un fleuve des enfers.
« Mémoire » joue avec l’eau du Ruisseau de l’Enfer, jusqu’à se confondre avec elle. Saurons-nous éviter la léthargie de l’oubli et suivre son injonction à préserver la vie ?
Orgue aux abeilles — Sati Mougard
L’idée de créer un orgue en cire d’abeille – dont la forme évoque celui des parfumeurs – est née suite à l’observation d’orgues volcaniques en Auvergne. Ces surprenantes formations rocheuses, dont les prismes sont majoritairement hexagonaux, évoquent les alvéoles des ruches des abeilles. D’autant plus que dans leurs milieux naturels, ces insectes mellifères prennent souvent pour logis des cavités rocheuses. Par analogie, le lien entre géologie et apiculture devient étrangement naturel.
Solaire par la couleur, séductrice par l’odeur, mystique par la forme, évoquant des vestiges d’autel antique, « L’orgue aux abeilles » se veut être une expérience individuelle, multisensorielle révélant le caractère sacré et essentiel des abeilles.
« L’orgue aux abeilles » a vocation à sensibiliser au respect du vivant et à investir un rapport organique à l’œuvre d’art, avec l’idée que le matériau employé (la cire) puisse enrichir la faune (insectes) environnante ou qu’il puisse être refondu pour retourner au travail apicole.
La cire d’abeille est un matériau vivant, sensible à la chaleur, susceptible de couler. Ce caractère éphémère et fragile renvoie au réchauffement climatique, aux canicules et plus largement aux dérives des activités humaines ainsi qu’au déclin des pollinisateurs..
Dancing figures / fairies — Rumen Dimitrov
« Dancing Figures » s’inspire d’une fête traditionnelle bulgare « Enyovden », fête de la nature. Selon la tradition, c’est la nuit précédant l’Enyovden que les plantes médicinales ont le plus fort pouvoir de guérison, les femmes sortaient avant le lever du soleil pour récolter les plantes nécessaires pour l’année.
Les formes de ces femmes errantes dans la nuit ont créé chez les bulgares fables et légendes à leur sujet. « Dancing Figures » reprend cet imaginaire en créant six figures sculptées dans des troncs d’arbres, disposées dans la nature et dansantes au gré du vent.